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112. Un amour de fée ( 23/...) : chapitre 26

 

 Chapitre 26 : Le véritable ennemi

Le peuple était en liesse. Ce qui expliquait l’animation qu’avait rencontrée à leur arrivée Anauel et les autres. Manfred avait annoncé la mise en place de préparatifs pour fêter le retour du Roi Elohim et de sa fille, la Princesse Hanaelle et avait invité la population à se mettre au travail. Ils avaient décidé de faire de même pour ne pas éveiller les soupçons. Hanaelle était radieuse ; voir combien son père était aimé de son peuple lui redonnait du courage. Elle aurait, aussi, enfin l’occasion de revoir ses amis qui devaient bientôt venir, suite à l’invitation lancée par Anauel… Il savait qu’elle aurait besoin de tout le soutien nécessaire pour se maîtriser face à Manfred et ne pas lui cracher au visage. Manfred, quant à lui, éprouvaient un plaisir sadique à mettre Elohim au courant de la situation qu’il trouvait irrésistiblement ironique. Le retour d’un Roi sur la fin, agissant sous la menace allait être fêté en grande pompe… Le peuple se préparait à l’acclamer et à fêter son retour et celui de sa fille alors qu’il n’avait, en réalité, jamais quitté le palais où il était maintenu prisonnier jusqu’à ce qu’à ce que sa fille soit retrouvée. Elle avait eu la bonne idée de s’enfuir, pas pour les bonnes raisons, mais au moins elle était à l’abri, loin, très loin du Royaume puisque Manfred ne l’avait pas trouvée. Il aurait été atterré s’il avait su qu’elle était bien plus proche qu’il ne le pensait… et qu’elle allait bientôt se jeter dans la gueule du loup.

Hanaelle était devenue sa proie, son obsession. Il la voulait, la désirait… Elle serait bientôt à lui… Un rictus de satisfaction altéra son visage aux traits réguliers. Si Elohim pensait qu’il allait renoncer si près du but, il se tromper. C’était sans compter sa ténacité. Il était sur ses traces. Il la trouverait bientôt, très bientôt. Sa milice avait fouillé, sans relâche, tous les recoins du Royaume et guettait maintenant l’arrivée de la Princesse car il en était sûre, elle devait se faire du souci pour son cher petit papa… Elohim était très inquiet pour sa fille, de plus en plus inquiet pour elle, surtout depuis qu’il la soupçonnait d’avoir en sa possession l’Anneau Sacré, le maillon manquant qui ferait de Manfred, le Roi légitime du Royaume. Pour le torturer encore un peu plus, il lui avait révélé ses intentions vis-à-vis d’Hanaelle. Il ferait d’elle sa femme légitime. Cette idée le révulsa. Il ne put réprimer un geste rageur. Comment avait-il pu se faire tromper aussi facilement ? Comment Manfred avait-il pu jouer ce double jeu infâme sans qu’il s’en aperçoive ? Etait-il à ce point accablé par la douleur et le chagrin pour avoir été aussi aveugle ? Ses questions ne cessaient de le tourmenter. Il ne pouvait pas laisser sa petite fille tomber dans les griffes de ce monstre. Il devait lutter, trouver un moyen de sortir de cette chambre. Mais, il était, à présent, un Roi sans pouvoir à la merci de ce jeune homme ambitieux et avide de pouvoir, au cœur aussi noir qu’une nuit éternelle. Et ce jeune homme n’était autre que le fils de son frère, le fils de Mébahel… qui avait, lui aussi, tenté de s’emparer du trône, il y a de ça plusieurs années. L’histoire se répétait-elle donc sans fin ? Accablé, il s’affaissa sur le lit. Non, il devait se battre. N’était-il pas le seul au courant des desseins de Manfred ? Il devait l’arrêter. Après tout même sans pouvoir, il restait le Roi et son devoir était de protéger son peuple. Et s’il était comme autrefois, le seul à avoir ressenti la présence de cette force maléfique aux pouvoirs immenses… Il la sentait à chaque fois qu’il était en présence de Manfred comme il l’avait sentie des années auparavant… C’était cette même force , celle-là même, il en était convaincu, qui avait pris possession de son frère, il y a de cela fort longtemps. Pourquoi la sentait-il à nouveau ? Quel lien existait-il entre Manfred et cette force aux pouvoirs démoniaques ? Avait-il fait appel à elle comme son frère pour assouvir ses noirs desseins? Des souvenirs douloureux lui revinrent en mémoire…
Dès l’annonce de son couronnement, son frère Mébahel s’était éloigné de lui, blessé dans son orgueil de n’avoir pas été pas choisi, lui, l’héritier du trône, considéré par sa position d’aîné comme le futur Roi. Leur père avait désigné son successeur. Il avait parlé et ils ne pouvaient s’opposer à son choix. Il ne voulait pas être roi, il ne l’avait jamais souhaité. Il ne s’était pas préparer. Son vœu le plus cher était de mener une existence paisible. Il avait tenté en vain de lier le dialogue avec son frère depuis l’annonce, de lui dire qu’il était prêt à aller voir leur père et à renoncer au trône. Mais, une barrière invisible s’était comme dressée entre eux et plus le temps passé, plus il sentait une présence malfaisante aux côtés de son frère… Elle s’affirmait de jour en jour et le date du couronnement se rapprochait de plus en plus. Il avait essayé en vain de convaincre son père de son inaptitude à régner et de lui faire part de ses doutes, d’un refus éventuel ; mais il ne l’avait écouté que d’une oreille distraite, lui affirmant qu’il était prêt. Elohim, inquiet pour son frère, tenta d’aborder le sujet de « cette puissante malfaisante » qui semblait attachée à son frère comme son ombre mais il lui répliqua qu’il se faisait des idées. Ce dernier était plus préoccupé par la haine vivace qu’on pouvait à présent lire sur le visage de son fils aîné à la seule vue de son frère que par les affabulations nées des incertitudes et du sentiment de culpabilité de ce dernier. Cette présence maléfique était tout simplement la haine viscérale qu’éprouvait son frère à son égard. Voilà ce que pensait son père, qui se méfiait tous les jours un peu plus de son fils aîné et s’était préparé au pire. Elohim, lui, était persuadé que c’était autre chose… L’attrait du pouvoir ne pouvait pas l’avoir changé à ce point, pas son frère, pas celui qui lui avait fait la promesse sur le lit de mort de leur mère de toujours veiller sur lui… Que de souvenirs douloureux ! pensa-t-il… Il est vrai qu’il ne l’avait appris que sur le lit de mort de son père. Jusqu’à ce jour, il n’avait jamais su la vérité sur les événements qui étaient survenus le jour de son sacre. Il n’avait jamais su que son frère avait tenté de le tuer… Il avait même dû préparer son plan dans cette même chambre, celle qui serait peut-être son tombeau… Manfred soignait vraiment les détails. Au lieu de l’emprisonner dans un cachot sordide, il l’avait enfermé dans la chambre de Mébahel, la chambre de son défunt frère dont il avait été obligé de proclamer le bannissement après sa prise de pouvoir avortée , ou plutôt devrait-il dire son assassinat manqué… Une douleur semblait lui déchirer la poitrine… Pourquoi ressasser ces vieux souvenirs ? Il porta la main à son cœur et serra les poings. Parce que ce jour-là, ce n’était pas son frère qui avait essayé de le supprimer, c’était cette chose, cet ennemi invisible. Aujourd’hui, il n’était plus le seul à être visé, sa fille, elle aussi, était menacée. Une fois, son plan accompli, l’ennemi la ferait disparaître tout comme il éliminerait Manfred, comme un vulgaire pion inutile. Une idée le rassura. Anauel avait sûrement réussi à la trouver et elle était en sécurité avec lui. Son sort lui importait peu tant que sa fille était hors de danger. Mais il devait se battre. Il ne pouvait pas laisser Manfred sans secours. C’était tout de même le fils de son frère et il n’était pas lui-même. « Ils étaient quand même de la même famille et entre rois… » Cette chose monterait jamais sur le trône, il lui avait déjà fait perdre un frère, il n’allait pas lui enlever son neveu, qu’il ne connaissait finalement pas. Dans un mouvement de rage, il essaya encore une fois d’ouvrir cette porte, qui restait obstinément close… Il se lança désespérément à l’assaut de cette simple porte qui lui barrait l’accès à sa liberté. A bout de force, il s’effondra de tout son long sur le sol. Le visage à même le sol, il n’avait même plus la force de se relever. Il avait épuisé presque toute son énergie, toute sa magie à tenter de briser l’enchantement qui le maintenait prisonnier. Mais, ce dernier était bien trop puissant, bien plus puissant qu’il ne l’avait cru et Manfred ne pouvait en être l’auteur. Mais qui était-il celui qui voulait à tout prix depuis déjà des années détruire le Royaume des fées ? dans quel but ? Quelle haine ancestrale l’animait-il ? En aucun cas, il n’aurait voulu que son ennemi le trouve dans cet état d’abandon et de désespoir extrêmes. Puisqu’il ne pouvait marcher, il ramperait. Avec ses dernières forces, il réussit à atteindre le lit et dans un dernier effort, à la force des ses bras, il parvint à s’y hisser sur le lit. Il s’allongea du mieux qu’il put, il ne sentait plus son corps. Il avait décidé de se battre. Ses armes, la patience et la ruse, lui permettraient de vaincre cet ennemi redoutable. Son frère avait sûrement laissé des traces, des pistes. Il les suivrait et trouveraient le moyen de battre ce monstre. Demain, il fouillerait la chambre en quête d’indices. Il devait tout mettre en œuvre pour découvrir ce qui se tramait réellement et démasquait cet adversaire redoutable de retour dont la seule intention, il en était certain aujourd’hui, était de détruire le Royaume.
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